dimanche 23 mars 2014

Le leurre des élections en France

      La démocratie participative dans nos pays soi-disant "développés" reste une fable.

    Et ce, tant au niveau national/international - comme l'a démontrée la non prise en compte par nos dirigeants politiques du résultat sur le référendum du traité de Lisbonne -, qu'au niveau local où la construction d'un tramway, pour prendre un exemple significatif de ma ville, fût envisagé et réalisé sans concertation aucune avec les habitants.

   Que pensez-vous que votre vote change dans votre municipalité ou pour votre vie future ? Rien évidemment, ou si peu ; 3 policiers de plus au centre-ville ? Des impôts locaux qui varieront de 1 ou 2 % si la nouvelle équipe est élue ? Pour le reste, nous savons maintenant que les promesses électorales restent, malheureusement, au stade des promesses. Et ils voudraient nous faire gober qu'il s'agit d'une "démocratie" : le pouvoir au peuple !?
    Oui, le peuple choisit l'homme. Non, le peuple ne s'occupe plus des affaires de la cité. Démocratie p-a-r-t-i-c-i-p-a-t-i-v-e, mais nous devrions davantage parler d'électoralisme participatif ! Démagogie, mensonges éhontés & nombrilisme sans scrupule sont les véritables piliers du monde politique actuel.

     Certes, il existe pire ailleurs comme mode de fonctionnement mais pourquoi toujours agiter la peur en citant les exemples de dictateurs sanguinaires dans des contrées lointaines et jamais les systèmes de concertation efficients, aussi confidentiels soient-ils ? La réponse paraît implacable ; parce que l'immobilisme de ce système politique demeure l'assurance pour nos dirigeants de pouvoir continuer leur carrière sacrée, qu'ils soient d'ailleurs, vainqueurs ou vaincus.
   Le Zapatisme, le Sankarisme, par exemple, paraissent être des pistes de réflexion tellement intelligentes, louables pour le fonctionnement d'un monde meilleur... Mais bizarrement, qui connaît ses modes de gestion et d'administration, qui met ces pratiques politiques sous projecteurs, qui les enseigne, qui les soutient ? Absolument personne. Encore une fois, ces voies (ou voix) ne sont pas encouragées car elles scieraient les branches sur lesquelles nos "puissants" se pavanent sans vergogne, mais ce n'est pas pour autant qu'elles n'existent pas ou qu'elles ne sont pas réalisables. Pourtant, c'est bel et bien ce que les hommes du système en place aimeraient nous faire croire. Infantilisation récurrente. Utopique tu resteras !
 
    La lueur d'espoir provient du taux d'abstention, en constante augmentation, élection après élection. Ce dernier, contrairement à ce que nous expliquent soigneusement médias & hommes politiques, n'est pas seulement dû à un désintéressement de la chose politique par le peuple français mais également à une prise de conscience des citoyens sur l'inutilité de leur vote. Pourquoi choisir quelqu'un qui, pendant son mandat, ne me demandera plus mon avis ou ne me respectera pas ?
    L'interprétation même des résultats des élections peut aussi prêter à confusion. Les médias et politiques n'expriment que les résultats des suffrages en pourcentage des votants exprimés et non en pourcentage des citoyens inscrits sur les listes, le "cheptel" des votants.
    Ainsi, à bien des élections, lors du premier tour, la liste qui emporte un important suffrage n'est ni celle de gauche, ni celle de droite, mais bien celle des abstentionnistes. Parfois même, pour certaines élections qui ne signifient plus grand chose pour le peuple, la masse des non-votants dépassent celle des votants. D'accord, elle peut se résumer en une masse hétérogène aux motivations de silence diverses, mais tout de même, ne devrait-on pas accorder plus d'importance et d'analyses pour cette majorité de sans-voix volontaires ?
    La façon dont cette augmentation est snobée ou critiquée démontre en tout cas le déni ou la bêtise de ceux qui contrôlent notre société.

    Cette mascarade, un jour, stoppera. Lorsque l'abstention prendra de telles proportions qu'il sera impossible de faire "comme si" ; lorsque là où l'homme politique cherchera à détourner le regard ou posera son sourire, il croisera celui d'un abstentionniste, désabusé et échauffé de ce qu'ils auront fait des affaires de nos cités, de notre pays.

La nuit est longue mais le jour finit toujours par arriver. Je vous laisse avec cet extrait de discours de Thomas Sankara sur nos prétendues démocraties.


Simon B.

jeudi 13 février 2014

Avoir conscience de l'autre comme étant un semblable

     On nous rabâche à longueur de journée "qu'il est bon d'avoir de l'ambition". Pourtant, cette aspiration semble souvent se résumer à l'égocentrisme et la cupidité. L'ambition, dans notre esprit, ne résonne-t-elle pas, le plus fréquemment, à ces questions : « Comment vais-je réussir ma vie ? », « Qu'ai-je à y gagner si j'accomplis cela... » ou encore « Ma place est-elle enviable ? ».

     Depuis tout petit, cette valeur m'a été inculquée, répétée, inlassablement tel un leitmotiv suprême à ne jamais délaisser. De cette ambition découlerait l'accomplissement d'une vie rondement menée ; foi d'enseignement scolaire, promesse parentale... parole d'évangile ? Peut-être est-ce pour cette raison que j'eus du mal à y croire ! ...Bizarroïde consensus sur ces valeurs générées par l'ambition...

    Difficile cependant d'exprimer cette défiance ou tout du moins de tempérer cette ardeur empressée à cet idéal de vie. Mais en scrutant le monde, en observant autour du Soi, en me questionnant, une réflexion basique se posa : N'y aurait-il pas d'autres valeurs à développer prioritairement ? L'entraide, l'attention, la courtoisie ainsi que la réflexion m'ont rapidement paru plus primordiales que la mesquine ambition. Malheureusement, pas un enseignement scolaire ou culturel sur cette conduite noble et intègre à tenir dans l'espérance d'une société où les uns ne marcheraient pas sur la tête des autres.

    Les institutions et exemples de réussite actuels - des firmes sans éthique aux stars des médias sans vertu en passant par nos hommes politiques sans foi ni loi – sont bel et bien vecteurs d'ambition mais pas de dignité. Cette dernière ne semble pas correspondre à l'image de l'Homme désiré : docile, productif et irréfléchi. Une image insidieusement façonnée et amplifiée durant ces dernières décennies à travers différentes sphères de notre société : école, travail & média. Seules les personnes dotées d'« un bon fond » peuvent inculquer cette philosophie de vie plus sensée, plus sensible. Mais sans institution humaniste, sans exemple respectable ; restera-t-il encore longtemps des personnes dotées de ce bon fond ?

     Nous n'avons que la société que nous méritons. Regardons donc qui sont nos élus, nos idoles... Regardons donc ce que sont devenus nos centres d'intérêt, nos aspirations... Nos exemples, nos désirs qui caractérisent globalement notre ambition ne demeurent que le reflet des valeurs inhérentes à notre société individualiste, consumériste et à son délabrement.

    Quand changerons-nous ? Est-ce d'ailleurs encore possible ? Le conditionnement systémique ne tuerait-il pas tout espoir dans l'œuf ?

Simon B. 
Still believe ?

vendredi 7 février 2014

La tendance à l'uniformisation paysagère urbaine

Visez un peu les clichés de mes périples ! ;)

     Comme nous l'observons sur les photos garnissant le planisphère ci-dessus, certains paysages urbains semblent être devenus de véritables vitrines commerciales. J'ai choisi d'illustrer mon exemple avec cette célèbre firme transnationale, dealeuse d'hamburgers/frites aux quatre coins du globe (dans 119 pays exactement).
De Pretoria, à Sao Paulo, Reykjavik, Casablanca, ou même Moscou (jusqu'au cœur de l'ex-bastion soviétique !), nous nous apercevons que cette enseigne respecte un stricte cahier des charges dans la construction de ses magasins. La principale impression émanant de ces photographies reste la standardisation de ces constructions : la forme globale du magasin, du toit ; le choix du matériau utilisé - tuiles pour le toit, brique de pierre pour les murs - ou encore la prépondérance de l'enseigne.

      En quoi cette quête de construction-type est-elle si gênante pour mes concitoyens ? L'uniformisation paysagère  ne semble déranger en rien ceux qui, toujours plus nombreux, vont se dorer la pilule dans un Club Med à l'autre bout du monde. Ces centres de vacances restent tout autant standardisés qu'un fast-food d'envergure internationale. Enfermé dans un centre de vacances, Aix-en-Provence n'est-il pas aussi doux et sympathique que Djerba ou Agadir ? Pourquoi donc traverser le globe ?
      Plus sérieusement, imaginez seulement à quoi ressembleraient nos rues si toutes les enseignes transnationales décidaient de s'y installer ? Les Zones Commerciales abritant ce genre de franchises commerciales semblent être un bon exemple de la perte d'identité de ces parcelles urbaines ; je vous mets au défi d'identifier le nom d'une de ces zones  - ou le nom de leur ville hôte - en vous montrant plusieurs photos de ces premières (à moins d'en être le résidant ou originaire, encore que !). Défi pratiquement impossible tant elles se ressemblent toutes et de plus en plus...
     La diffusion exponentielle de produits standardisés ne touche pas que les hamburgers et le domaine alimentaire mais aussi d'autres catégories commerciales tels que le textile, l'ameublement, etc. Il s'agit là de l'uniformisation des enseignes commerciales, partie intégrante d'une mondialisation et mutation paysagère des villes lente mais néanmoins très active, telle une lame de fond.

     Plus que les commerces pris individuellement, ce sont également des zones urbaines entières (dont les zones commerciales) qui sont élaborées systématiquement selon le même processus. En effet, les besoins, les hobbys, les idéaux se diffusent, et leurs modes de vie avec. Les FTN (Firmes TransNationales), dont bon nombre restent américaines, imposent des goûts, des habitudes de consommation : "a way of life". Il serait faux de penser que l'uniformisation des fonctions urbaines ne touchent que les zones commerciales. Sur le modèle des CBD (Central Business District) américains, la France possède, par exemple, quelques quartiers d’affaires parmi les plus importants d’Europe. On citera notamment le quartier de « la Défense » dans l'Ouest parisien, celui de « La Part Dieu » à Lyon ou encore le projet « Euroméditerranée » à Marseille, des véritables copies de quartiers d'affaires à l'américaine. Autrefois, nos grandes villes françaises avaient leurs propres spécificités structurelles et organisationnelles (L'Hypercentre : centre-ville mixé d'habitat et commerces en Europe, tandis qu'on y trouvera plutôt un CBD en Amérique du Nord).
      Désormais, des poches de croissance se développent dans des pays d'horizons diverses mais elles y adoptent les mêmes paradigmes,  les mêmes façons de fonctionner et y appliquent donc les mêmes systèmes d'aménagement, lois paysagères sur leur territoire. Ainsi, en France : Paris, Lyon et bientôt Marseille tendent à fonctionner comme les grandes métropoles du monde. Seront-elles encore longtemps des villes françaises ? Sous quel motif, une organisation calquée sur les grandes agglos, des capitaux provenant des plus importantes institutions mondiales, des aménagements urbains fruits de l'exemple des cités modèles internationales en vogue, car les plus fonctionnelles et efficientes...
     La baguette, le camembert ou même le drapeau français ne sont plus, depuis bien longtemps déjà, l'étendard de ces grandes villes. En réalité, elles se dévoilent être de petites parcelles prospères d'un système mondialisé aux codes bien spécifiés et respectés. Le risque pour nous resterait de penser que ces villes font notre État et se préoccupent de notre sort. En dehors de ces poches de richesse s'indigneront exclus, bannis, inquisiteurs insoumis à cette standardisation des environnements de vie. Le quart-monde est déjà là et bien là !

     Étudions un dernier axe de l'urbanité, celui de l'uniformisation des normes de construction. Ces dernières préconisent par exemple le choix d'un matériau plutôt qu'un autre. Dernièrement, au Burkina Faso, il a été décrété qu'il valait mieux utilisé le ciment plutôt que le banco, matériau local réalisé à base de terre crue.
     Les normes de construction peuvent également régir la future forme des bâtiments à construire ; à étages dans le centre des villes afin d'éviter l'effet tâche d'huile et le phénomène de déconcentration urbaine ; une ville trop éparpillée ne serait pas efficiente. La sacro-sainte efficience urbaine... Une chose demeure certaine, cette standardisation des besoins et des idéaux fait le bonheur de puissantes firmes internationales spécialisées dans la construction, pouvant produire ciments et briques par millions et bénéficier d'importantes économies d'échelle inhérentes à leur coût de production simplifié. Cela, même si les matériaux produits et préconisés dans les cahiers des charges ne semblent pas coller avec le paysage et l'environnement local. Les fortes/basses températures, la sécheresse/l'humidité, l'ensoleillement, ne peuvent pas tous être les alliés de la cimenterie, si ? Par ailleurs, ces grands groupes dans le domaine du bâtiment se voient assurer de remporter des appels d'offres alors qu'ils n'auraient pu s'aligner s'il s'agissait de projet à réaliser avec des matériaux trop locaux, nécessitant un savoir-faire autochtone.
     Pourquoi donc les nouveaux riches quartiers africains tels que ACI2000 à Bamako ou encore Ouaga2000 à Ouagadougou, sont voués à ressembler, à tout prix, aux quartiers occidentaux ? Peut-être parce que ces poches de richesses sont érigées de telle sorte qu'elles ne soient pas différentiables à travers le monde, afin d'y accueillir plus facilement le gotha mondial et son argent, tant désiré. Nous passerons sur les problèmes d'éthique à propos des ces hérésies urbanistiques, lorsqu'à proximité, des cases de bric et de broc se montent et se démontent chaque jour dans la plus grande insouciance des dirigeants de ces pays.

     L'uniformisation urbaine dans sa globalité demeure d’autant plus difficile à contrer qu'elle se développe de manière très lente et quasiment imperceptible, dans un paysage où toute intrusion semble absorbée par la complexité de la trame déjà existante. Ceci étant, ne soyons pas dupes, si les villes françaises se sont formées sur un schéma identique (les fonctions urbaines) depuis plus de deux siècles dans notre pays ; pourquoi la même chose ne se déroulerait-elle pas au niveau international aujourd'hui ? Les grandes villes actuelles adoptent toutes les mêmes stratégies organisationnelles, fonctionnelles afin d'y attirer prospérité et croissance. Toutes celles qui réussissent ont valeur d'exemple, le seul et unique exemple valable dans un système capitaliste mondialisé. Pourquoi, dans ces conditions, les villes du futur ne se seraient pas vouées à tendre vers une standardisation extrême ?
      Évidemment, Ouagadougou ne sera jamais Paris et Paris ne sera jamais Los Angeles mais les parallélismes paysagers s'accroissent et les ravins se creusent à la lisière de ces métropoles ; aux frontières de l'efficience. Peut-être qu'un jour prochain, Paris ne sera plus Paris, mais « poche de prospérité n°... mondiale » et sa nationalité sera obsolète, puisqu'inutile.
    Qu'adviendra-t-il alors des travailleurs de ces villes sans âme, de leurs résidents sans particularisme, mais également de ceux qui en sont progressivement tenus à l'écart ?

Simon B.

mercredi 5 février 2014

Gaza غزة la résistante


Ferme les yeux et atterris en Palestine, dans la bande de Gaza.



     Une vie de martyr prévisible dès le berceau... de l'injustice. La lutte comme moteur de sa propre existence, avec de faibles moyens, ne pas attendre son sort passivement, tenter de tromper son Mektoub et espérer en un monde meilleur, mais pas sur Terre.
Mourir comme un Gazaoui, assassiné sur l'autel de la religion (?). Non, sur celui de la politique et du pouvoir.
Ne laisser aux générations futures qu'une soif intarissable de vengeance : unique et pâle brin de lumière dans un tableau d'amertume et de souffrances perpétuelles.

     Ces quelques lignes ont pour objectif l'empathie. En effet, que pensez-vous qu'éprouvent nos camarades palestinien(nes) depuis leur plus jeune âge jusqu'à l'heure de leur mort - choisie ou non - ?
Quelle serait votre vie si vous habitiez là-bas ? Le « résistant » à l'espoir inébranlable? Le « combattant » à la foi divine ? L' « activiste » à la noirceur absolue ? Le « résigné » bientôt muet ? Ou après tout, peut-être seriez-vous le « pacifiste » à l'enthousiasme déroutant, ou encore l' « Homme serein et accompli », espèce en voie d'extinction dans la bande de Gaza !

     Finalement, quelque soit votre choix, des questions subsisteront : pourquoi la prison à ciel ouvert pour tant d'innocents ? pourquoi cet obscurantisme dans le monde occidental actuel ? Pourquoi, à tout prix, vouloir faire passer des résistants pour des terroristes ? Pourquoi autant d'inégalité mais tant d'inaction ? Pourquoi un tel de manque d'effort de compréhension ?

     Enfin, pourquoi notre silence ?... N'aurait-il déjà que trop duré ?

Simon B.

mercredi 15 janvier 2014

Il n'y a pas de liberté sans lutte


¡ Huele a azufre !


H. Chavez débutant son discours anti-impérialiste à l'O.N.U.


« Représentants des gouvernements du monde, bonjour à tous. Tout d'abord, je voudrais très respectueusement inviter ceux qui n'ont pas lu ce livre, à le lire. Noam Chomsky, l'un des américains et des intellectuels du monde les plus prestigieux, et ceci est l'un de ces tout derniers ouvrages, 'Hegemony or Survival: The Imperialist Strategy of the United States.' [Chávez brandit le livre et l'agite en face de l'Assemblée Générale.] C'est un excellent livre qui nous aide à comprendre ce qui s'est passé dans le monde au cours du 20ème siècle, sur ce qui se passe aujourd'hui et sur la plus grande menace qui plane sur notre planète. Les prétentions hégémoniques de l'Empire Américain mettent en danger la survie-même de l'espèce humaine. Nous continuons de vous alerter sur ce danger et nous en appelons au peuple des États-Unis et au monde à faire cesser cette menace, qui est une épée de Damoclès. J'avais pensé, un moment, vous faire la lecture de ce livre, mais pour des raisons de temps, [il fait tourner les pages du livre, qui sont nombreuses] je me contenterai de vous le recommander. Il se lit facilement, c'est un très bon livre, et je suis sûr, Madame la présidente, que vous le connaissez. Il a été publié en anglais, en russe, en arabe et en allemand. Je pense que les premiers qui devraient le lire sont nos frères et nos sœurs des États-Unis, parce que la menace se trouve exactement dans leurs propres foyers. Le diable s'est introduit chez eux. Le diable, le diable lui-même, est dans leur maison.

Et hier, le diable est venu ici. Ici, le diable est entré. Juste ici. [Il fait le signe de croix] Et ça sent encore le soufre aujourd'hui. Hier, Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des États-Unis, le monsieur que j'appelle le Diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier, vraiment. Comme s'il était le propriétaire du monde.

Je pense que nous pourrions appeler un psychiatre pour analyser la déclaration que le président des États-Unis a faite hier. En tant que porte-parole de l'impérialisme, il est venu pour faire partager ses remèdes de charlatan afin d'essayer de préserver le modèle actuel de domination, d'exploitation et de pillage des peuples du monde. Alfred Hitchcock aurait pu utiliser cette déclaration comme scénario pour un de ses films. Je peux même proposer un titre : "La Recette du Diable". Comme Chomsky le dit de façon claire et détaillée, l'empire américain fait tout ce qu'il peut pour consolider son système de domination. Et nous ne pouvons pas lui permettre de faire cela. Nous ne pouvons autoriser que la dictature mondiale se consolide. La déclaration du dépositaire du monde cynique, hypocrite, emplie de cette hypocrisie impérialiste, provient de leur besoin de tout contrôler. Ils disent qu'ils veulent imposer un modèle démocratique. Mais c'est cela leur modèle démocratique ! C'est le modèle fallacieux des élites et, je dirais, une démocratie très originale qui s'impose par les armes, les bombes et l'artillerie. Quelle étrange démocratie ! Aristote pourrait bien ne pas la reconnaître ou les autres qui sont aux racines de la démocratie. Quelle sorte de démocratie imposez-vous avec les marines et les bombes ?

Hier, le président des États-Unis nous a dit, ici-même, dans cette salle, et je cite : "Partout où vous regardez, vous entendez des extrémistes vous dire que vous pouvez échapper à la pauvreté et retrouver votre dignité par la violence, la terreur et le martyre". Partout où il regarde, il voit des extrémistes. Et vous, mes frères : il regarde la couleur de votre peau et il dit : oh ! il y a un extrémiste ! Evo Morales, le valeureux président de Bolivie est, pour lui, un extrémiste. Les impérialistes voient des extrémistes partout. Ce n'est pas que nous soyons des extrémistes. C'est que le monde se réveille. Il se réveille partout. Et les gens se lèvent. J'ai le sentiment, cher dictateur du monde, que vous allez vivre le reste de votre vie comme un cauchemar, parce que le reste d'entre nous se lève, tous ceux qui se soulèvent contre l'impérialisme américain, qui réclament l'égalité, le respect, la souveraineté des nations. Oui, vous pouvez nous appeler des extrémistes, mais nous sommes en train de nous soulever contre l'empire, contre ce modèle de domination.

Alors, le président a dit - et c'est lui qui l'a dit - : "Je suis venu parler directement aux populations du Moyen-Orient, pour leur dire que mon pays veut la paix". C'est vrai. Si nous marchons dans les rues du Bronx, si nous nous promenons dans New York, Washington, San Diego, dans n'importe quelle ville, San Antonio, San Francisco et que nous demandons aux gens, aux citoyens des Etats-Unis, que veut ce pays ? Veut-il la paix ? Ils diront oui. Mais ce gouvernement ne veut pas la paix. Le gouvernement des Etats-Unis ne veut pas la paix. Il veut exploiter son système d'exploitation, de pillage, d'hégémonie par la guerre. Il veut la paix ? Mais que se passe-t-il en Irak ? Que se passe-t-il au Liban ? En Palestine ? Que se passe-t-il ? Que s'est-il passé ces 100 dernières années en Amérique Latine et dans le monde ? Et à présent il menace le Venezuela, de nouvelles menaces contre le Venezuela, contre l'Iran ? Il a parlé au peuple libanais. Beaucoup d'entre vous, leur a-t-il dit, ont vu comment leurs maisons et leurs communautés ont été prises dans les tirs croisés. Comment peut-on être cynique à ce point ? Quelle capacité à mentir d'un air penaud ! Les bombes sur Beyrouth d'une précision millimétrée ? Ce sont des feux croisés ? Il pense à un western ; lorsque les gens dégainent de la hanche et tirent et que quelqu'un se trouve pris dans les feux croisés. Ceci est impérialiste, fasciste, assassin, génocidaire. L'empire et Israël tirent sur les Palestiniens et les Libanais : c'est ce qu'il s'est passé. Et à présent, nous entendons "Nous souffrons parce que nous voyons nos maisons détruites".

Le président des Etats-Unis est venu parler aux peuples, aux peuples du monde. Il est venir leur parler... J'ai apporté quelques documents avec moi, parce que ce matin je lisais quelques déclarations et je vois qu'il s'est adressé au peuple d'Afghanistan, au peuple du Liban, au peuple de l'Iran et il s'est adressé directement à ces peuples. Et vous pouvez vous demander, alors que le président des Etats-Unis s'adresse à ces peuples du monde, ce que ces peuples du monde lui diraient si on leur donnait la parole ? Qu'auraient-ils à dire ? Et je pense avoir une petite idée de ce que les peuples du Sud, les oppressés pensent. Ils diraient "Impérialiste yankee, rentre chez toi!" Je pense que c'est ce que ces peuples diraient si on leur donnait le micro et s'ils pouvaient parler d'une seule voix aux impérialistes américains.

Et voici pourquoi, Madame la présidente, mes chers collègues, mes amis, l'année dernière nous sommes venus ici dans cette même salle, comme nous l'avons fait ces huit dernières années, et nous avons dit quelque chose qui s'est à présent confirmée, entièrement confirmée. Je ne pense pas que quiconque dans cette pièce pourrait défendre ce système. Voyons les choses en face ! Soyons honnêtes ! Le système de l'O.N.U., né après la Deuxième Guerre Mondiale, a fait faillite. Il est inutile. […] »



Discours de Hugo Chávez, président du Venezuela, aux Nations Unies, le 20 septembre 2006.

mardi 14 janvier 2014

La richesse de l'âme ne se résume pas à la fortune de l'âne

     La richesse n'est pas que matérielle, mais l'être humain a choisi de faire de sa poche, sa raison. Aujourd'hui, le mercantilisme nous écarte trop souvent de tout principe spirituel. À l'heure de notre mort, croyance en l'au-delà ou non, les choses matérielles perdent leur importance, faute de valises prévues à cet effet. La nécessité ne deviendrait-elle pas alors d'acquérir une vision plus spirituelle de notre existence, loin des futilités marchandes ou quantifiables ? Notre vie, à cet instant fatidique, sonnera comme insensée, creuse, tant notre travail spirituel fût si faible. Pourquoi donc cette obsession du capital ?

     Conditionnés dès notre plus jeune âge à atteindre un état de satisfaction continu et égo-centré, nous nous épuisons ad rem dans une course effrénée à la jouissance sous toutes ses formes ; le plaisir comme anesthésiant, à en oublier le sens de sa vie sur Terre. Nous liquidons notre temps à des bonheurs éphémères et bien souvent faux. La plus misérable des consommations reste alors celle dont nous consumons nos vies de petits pervers avides. Étaient-ce là nos destinées ?...

     Notre société, ancrée dans un système capitaliste assumé et envahissant, brise nos élans de spiritualité et de partage, noyés par les valeurs de l'envie et de l’acquisition. Malheureusement, l'harmonie : l'union au Soi, ne s'inscrit pas dans cette manière d'appréhender la vie. Discerner ces deux branches de l'enrichissement, c'est déjà effectuer un pas de plus vers la plénitude et le sentiment d'accomplissement. Cette période contemporaine d'uniformisation des modes de vie tend à la fabrication d'êtres humains à la chaîne : identiques et décérébrés, impropres à la réflexion.

     Nous sommes tous les victimes muettes, parfois ignorantes, de cet état de fait mais n'en demeurons pas moins les coupables. Effectivement, il n'appartient qu'à nous de changer nos habitudes et d'approfondir nos pensées afin d'améliorer l'Homme que nous étions encore hier. Méditons, changeons.

Simon B.


samedi 11 janvier 2014

Judicieuse ode à l'injustice judiciaire

  La justice demeure la justice-des-puissants. Elle ne sera jamais une justice divine ou immaculée, vierge de tout reproche, de tout soupçon, contrairement à l'idée que laisse planer l'establishment. L'acte juridique induit un verdict humain avec tout ce qu'il comporte comme biais ; affect, humeur, sensibilité et même intérêt, lobbyisme et corruption. Un 'damné' pour certains Hommes peut se révéler être un 'ange' en réalité, mais déchu, par le manque de clairvoyance ou de volonté de la part de ses congénères. Il ne s'agit pas là de faire preuve d'empathie à l'égard de bandits sans éthique aux accents victimaires mais plutôt de sollicitude envers les opposants politiques, les journalistes, les militants sociaux-culturels, certains humoristes (!), et quelques bloggers (!!), que l'on bâillonne en raison de leurs opinions trop tranchées, trop tranchantes.

    Celles et ceux qui ne s'étaient pas aperçus de cette justice pour le moins partiale ou qui ne se sentent pas concernés, s'en exclameront assurément un jour prochain ; quand l'injustice viendra frapper à leur propre porte. Bien sûr, dans un pays "civilisé" prétendu "riche" et "développé", nous logeons au bout du palier, ceci dit, je crois déjà entendre le bruit des bottes.

   Tendez l'oreille et ouvrez bien l’œil... de Judas !


Simon B. " le non-aligné "


De l’escroquerie intellectuelle du système de la dette


" Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme dans un casino ; quand ils gagnaient, il n’y avait point de débat, maintenant qu’ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement, et l’on parle de crise. Non ! Monsieur le Président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu, la vie continue !

La dette, c’est aussi la conséquence des affrontements et lorsque l’on nous parle aujourd’hui de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite, la crise existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leur droit face aux exploiteurs.
Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus ; il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos, dans les bas quartiers; il y a crise parce que les peuples partout refusent d’être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s’inquiéter.

On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche d’un équilibre, équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier, équilibre au détriment de nos masses populaires. Non, nous ne pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine.

Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe; Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis-Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être payée.

Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne payeraient pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal aujourd’hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne commet qu’un larcin ou une peccadille tout juste pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples. "


Extraits du discours de Thomas Sankara, lors de la 25e Conférence de l’O.U.A. (Organisation de l’Union Africaine) à Addis-Abeba, en Éthiopie, appelant à un front uni de tous les pays africains contre la dette.

Le travail de journaliste salarié / subventionné

John Swinton

     « Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, journaliste, lors d’un banquet à New York quand on lui proposa de porter un toast à la liberté de la presse. Le 25 Septembre 1880 ! 

Poésie révolutionnaire

Subcomandante Marcos


Nous sommes nés de la nuit,
Nous vivons dans la nuit,
Nous mourrons dans la nuit.
Mais la lumière se lèvera demain pour les autres,
Pour tous ceux qui aujourd'hui pleurent la nuit,
Pour ceux à qui l'on refuse le jour ;
La lumière se lèvera pour tous.
Tout pour tous.
¡Ya basta!

 Extrait du 'Manifeste', Ejército Zapatista de Liberación Nacional