" Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme dans un casino ; quand ils gagnaient, il n’y avait point de débat, maintenant qu’ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement, et l’on parle de crise. Non ! Monsieur le Président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu, la vie continue !
La
dette, c’est aussi la conséquence des affrontements et lorsque
l’on nous parle aujourd’hui de crise économique, on oublie de
nous dire que la crise n’est
pas venue de façon subite,
la crise existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque
fois que les masses populaires
seront de plus en plus conscientes
de leur droit face aux exploiteurs.
Il
y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les
richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus ;
il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l’on
peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les
ghettos, dans les bas quartiers; il y a crise parce que les peuples
partout refusent d’être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a
donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les tenants du
pouvoir financier à s’inquiéter.
On
nous demande aujourd’hui d’être complices
de la recherche d’un équilibre, équilibre en faveur des tenants
du pouvoir financier, équilibre au détriment de nos masses
populaires. Non,
nous ne pouvons pas être complices, non,
nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos
peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous
ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine.
Du
reste, les masses populaires en
Europe ne sont pas opposées
aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter
l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe; Nous avons
un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis-Abeba devra
également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être
payée.
Nous
ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité,
nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux
qui payent et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne
payeraient pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal
aujourd’hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus
grands voleurs sont les plus riches. Un
pauvre, quand il vole, il ne commet qu’un larcin ou une peccadille
tout juste pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui
volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples. "
Extraits
du discours de Thomas Sankara, lors de la 25e Conférence de l’O.U.A.
(Organisation de l’Union Africaine) à Addis-Abeba, en Éthiopie,
appelant à un front uni de tous les pays africains contre la dette.
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